Où sont-ils donc passés ?
Un texte issus de notre lettre de 2004, même si les chiffres datent le fond est plus que jamais d’actualité et nous avions envie de vous partager cet article écrit par notre F :. Philippe Filleron passé depuis à l’Orient Eternel
Près de 300 000 francs-maçons manquent à l’appel dans les loges
u Où sont-ils donc passés ?
u Bâtissons la Grande loge unie de France
L’ensemble des obédiences françaises comptabilisait quelque 80 000 membres il y a environ 25 ans. Depuis, près de 375 000 profanes ont reçu la lumière.
Aujourd’hui, les effectifs recensés totalisent quelque 135 000 francs-maçons. Près de 325 000 frères et sœurs manquent à l’appel dans les loges. Pourquoi ne sont- ils plus en loge ? Que sont-ils devenus ? Sont-ils tout simplement passés en pertes et profits dans la comptabilité « cynique » des matricules des loges ? Le système
est-il bloqué ? Par qui et comment ? La franc-maçonnerie française doit donner un sens à l’engagement des profanes, faire vivre les valeurs universelles et parler d’une même voix pour être utile et efficace.
Chaque loge initie en moyenne chaque année, cinq profanes, soit, en 25 ans, 375 000 personnes environ. En faisant l’addition avec les 80 000 maçons déjà membres il y a 25 ans, les obédiences françaises devraient aujourd’hui regrouper 455 000 membres. Or, pour les 12 obédiences dénombrées, on ne aujourd’hui que 135 000 frères et sœurs rassemblés dans un peu plus de 4 300 loges. Ce qui fait une déperdition de quelque 325 000 adhérents en 25 ans, soit environ 13 000 chaque année. Pourquoi ne les compte-t-on plus sur la matricule ? Se sont-ils tous trompés dans leur démarche ? Ce serait mettre en cause la bonne foi des frères qui ont procédé, après de longues procédures d’enquête, à leur initiation. Ont-ils tous déménagé sans laisser d’adresse ou sont-ils tous partis travailler à l’étranger ?compte
Des « appatchiks » qui stérilisent la vie maçonnique
Non, en vérité, ils ont été déçus pour la très grande majorité d’entre eux. Déçus du faible niveau de réflexion en loge, du manque d’implication des frères et des obédiences, déçus par des « apparatchiks » qui « verrouillent » la vie des obédiences. Apparatchiks dites-vous ? Il s’agirait ici de quelques « gourous » qui stérilisent la vie maçonnique, de quelques frères qui auraient oublié ce pour quoi ils sont entrés en loge, de quelques-uns encore qui chercheraient plus les médailles et les décors que le bonheur de leurs voisins, de certains enfin qui voudraient réaliser en loge ce qu’ils n’ont pas su ou pu obtenir dans leur vie professionnelle ou privée.
La franc-maçonnerie doit donner du sens à l’engagement des profanes
Ces apparatchiks ne sont pas nombreux. Seulement quelques-uns qui dirigent la vie des loges pour leur propre intérêt au détriment de l’idéal maçonnique, et qui font régner « leur loi ». Seulement deux ou trois personnes par loge. A peine 10 000 frères sur 135 000 membres, soit environ deux ou trois frères dans chacune des quelque 4 300 loges.
Ils sont bien souvent conscients qu’ils ne créent plus de « désir » chez leurs frères, qu’ils n’incarnent plus l’esprit créatif et généreux de la franc-maçonnerie, qu’ils ont oublié ce qu’élévation spirituelle, ce que fraternité veulent dire.
Ces frères font de « l’administration » en loge comme pour « sauver les meubles » : interminables appels des présents, excuses des frères absents, avec ou sans oboles, lecture de fastidieux comptes-rendus et cérémonial appuyé lorsqu’un frère arrive en retard, ultimes prolongations grâce, enfin, aux questions diverses…
Le manque de sens, l’administratif plutôt que le cœur et l’absence d’engagement dans le siècle créent la division et la stérilité. « Gloire au travail ! », dites-vous ? Alors ne répondez pas : « Vive le rituel pour le rituel » ! La sanction est là : 300 000 francs-maçons initiés depuis 25 ans ont disparu. Que sont-ils devenus ? Qui s’en soucie ? Au-revoir l’idéal ! Buvons le calice s’il y reste encore quelque chose.
La franc-maçonnerie en général ne peut s’enorgueillir que de peu de réalisations à son actif depuis 25 ans et certains en particulier ne peuvent revendiquer à leur actif qu’un bien maigre bilan masqué parfois par de fastueuses agapes.
La franc-maçonnerie française doit parler d’une seule et même voix
Il est temps de « remaçonnifier » les rapports
entre les obédiences et de « faire circuler la parole maçon- nique qui est
avant tout un message de libération individuelle et collective ».
La franc-maçonnerie doit revenir à ses fondements et construire un projet digne de son histoire prestigieuse, facteur de paix, de justice et de progrès pour le genre humain. Seule la maçonnerie peut transmettre les valeurs universelles et faire vivre son idéal.
Si la force d’une chaîne équivaut à celle de son maillon le plus faible, que la franc- maçonnerie soit forte et unie !
Elle sera d’autant plus entendue qu’elle parlera d’une seule et même voix ! Ses messages, comme l’implique sa structure divisée, sont fragmentés et ne sont guère audibles. Revenons à ce pour quoi un profane frappe à notre porte !
La GLCS a été fondée selon ce constat.
« Son ambition », comme n’a de cesse de le rappeler son fondateur, Marcel Laurent, « est de se fondre dans une seule et même obédience française unie qui concrétise une réalité fraternelle d’union entre toutes les obédiences. Chacune des obédiences conservera ainsi ses us et coutumes ».
Et Marcel Laurent de préciser : « La direction de la Grande loge unie de France sera assurée alternativement, chaque année, par l’un des Grands maîtres des obédiences ainsi réunies en fédération qui rayonnera véritablement au sein des huit millions de maçons répartis dans le monde ».
Il faut abattre les murs qui séparent les obédiences et divisent les frères et les sœurs !
La fragmentation des obédiences, la perte de sens de l’engagement maçonnique, l’absence de grand projet fédératif condui- raient-ils, naturellement, même les francs-maçons, à élever des murs ? Il faut commencer par les abattre. Ces murs séparent les obédiences. Ils divisent les frères et les sœurs !
En France, en Europe et dans le monde, notre chaîne sera d’autant plus forte !
Ayons confiance dans les projets des francs-maçons, quelles que soient leurs obédiences, lorsque les valeurs universelles sont mises en œuvre. Guidés par l’écoute, le respect, la tolérance, beaucoup nous est possible au nom de la Laïcité, la Liberté, l’Egalité, la Fraternité. Bâtir une obédience unifiée, c’est possible. Construisons-la !
Philippe Filleron